1 personne handicapée sur 2 ne fait pas de sport. Pour favoriser leur pratique, le Comité paralympique et sportif français souhaite multiplier les « clubs inclusifs ». Objectif : avoir formé 3 000 clubs d’ici fin 2024.
Par Laurie Veyrier
Un match de volley, mais assis sur le sol… Dans un gymnase parisien, joueurs « valides » et en situation de handicap jouent au volley-assis au sein du Paris université club, un club « para-accueillant« . Le Comité paralympique français (CPSF) souhaiterait les multiplier à l’approche des Jeux paralympiques 2024.
Seuls 1,5 % de clubs para-accueillants
Sur le terrain, chacun se déplace par terre, face à un filet disposé à un peu plus d’un mètre de hauteur. Parmi les joueurs, Clinton Kieta-Sisidi, 30 ans et atteint d’une hémiplégie -une paralysie du côté gauche de son corps- a trouvé petit à petit « un équilibre corporel pour (s)e déplacer » et jouer sans devoir utiliser la main gauche. Pour l’entraîneur du PUC volley Jérôme Dumas, le para-accueil, « c’est être capable de présenter quelque chose pour que la personne se sente bien« . Et au volley-assis, « on adapte les techniques de jeu aux pathologies des gens« , explique Sandrine Christophe, joueuse de 47 ans. Cette dernière, qui organise des initiations à la discipline, voit bien que « le développement est compliqué« . A l’échelle nationale, seulement « 1,5 % des clubs se recensent comme para-accueillants« , rappelle le directeur général du CPSF, Elie Patrigeon.
Objectif 3 000 clubs d’ici fin 2024
Selon le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, une personne sur deux en situation de handicap ne pratiquerait pas d’activité sportive. « Vous n’avez pas forcément de refus d’accueillir, explique Elie Patrigeon, mais il y a la peur de ne pas savoir faire, de ne pas en avoir la capacité, c’est aussi cela que l’on veut lever« , grâce à un programme intitulé « club inclusif« , qui permet aux structures de connaître la manière de procéder ou de se perfectionner. Le CPSF aimerait avoir formé 3 000 clubs d’ici fin 2024. Le club parisien de tir à l’arc des Archers des trois lys, qui accueille déjà des personnes avec autisme ou trisomie 21, a suivi la formation pour « savoir si on faisait les bonnes choses, et finalement cela nous a permis de voir que c’était bien plus simple que ce que l’on pensait« , détaille Teddy Louison, qui encadre les archers. Son message en direction des autres clubs et autres sports est simple : « Je ne peux que leur dire ‘Ouvrez les portes' ». « On ne demande pas au club d’athlétisme du coin d’avoir toutes les réponses, complète Elie Patrigeon, l’enjeu est aussi de pouvoir orienter par un travail de réseau« , entre les structures d’une même région et ainsi permettre d’orienter vers un autre sport si besoin.
Manque de créneaux
Pour Morgan Troussard, joueur de volley-assis et membre de l’équipe de France, en plus de former des clubs, il faut s’assurer que les sportifs « soient prêts » psychologiquement. « Certains ont du mal à se mettre au sport handi et d’ailleurs certains n’aiment pas faire du volley-assis car il faut s’asseoir par terre et ils trouvent cela dégradant« . Morgan Troussard, qui vit à Rochefort (Charente Maritime), relève aussi un manque de créneaux pour la pratique dans les gymnases, un problème rencontré par Adeline Le Men, présidente d’une école de roller à Paris -la Roller squad institut- qui souhaite ouvrir une section de « roller hockey luge« , permettant la pratique du roller assis sur une luge à roulettes. Cette dernière a dû supprimer des heures réservées à d’autres activités pour intégrer sa section. « Il n’y a pas de créneaux du tout dans les gymnases!« , déplore-t-elle. Le CPSF admet qu’il s’agit d’un « frein » sur lequel travailler, mais qui concerne aussi bien les parasports que les sports « valides« .
Des aides financières
Pour Adeline Le Men, il reste également à trouver les moyens de financer son projet, qui nécessite des gros investissements pour acheter le matériel. Si le comité paralympique assure que « disposer d’un matériel cher » n’est pas toujours obligatoire selon les sports, le dispositif « club inclusif » peut avoir recours à des aides déjà existantes, comme celles de certaines fédérations ou encore de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Si Adeline Le Men attend une potentielle aide de la région, elle est déterminée : « On a décidé qu’on allait y arriver« .
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