Où en est la mise en accessibilité des transports franciliens en vue des Jeux de Paris 2024 ? Entre contraintes techniques et solutions innovantes, bilan de ce chantier faramineux, à un an de cet évènement qui veut faire bouger les « lignes »…
100 % des transports accessibles pour les Jeux de Paris 2024 ? Mettons fin au suspense tout de suite. Evidemment non ! De nombreuses associations spécialisées alertent depuis plusieurs mois sur le retard « titanesque » de la France sur cet « enjeu crucial », que reconnaît le ministre des Transports, Clément Beaune (Lire : Paris 2024 : « Retard sur l’accessibilité des transports »). Les craintes sont aujourd’hui confirmées. Toutefois, d’importants travaux ont été effectués afin, si ce n’est d’atteindre, de se rapprocher de « l’accessibilité universelle ». A un an des Jeux paralympiques de Paris 2024, les acteurs à la manœuvre font un point d’étape sur l’accessibilité des transports.
9 % de métro accessibles en 2023…
En 2023, seul 9 % du réseau métropolitain parisien est accessible. L’objectif est d’atteindre 14 % en 2024. « Le métro détient le taux le plus faible de manière assez logique puisque certaines stations ont été construites il y a plus d’un siècle, lorsque l’accessibilité était loin d’être une priorité », observe Grégoire de Lasteyrie, vice-président d’Ile-de-France Mobilités. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts… un peu. « Toutes les nouvelles lignes, notamment du Grand Paris express, ont été imaginées selon les principes d’accessibilité universelle », poursuit-il. Pourquoi ne pas reconstruire les autres sur le même modèle ? « C’est impossible, répond M. de Lasteyrie. Plusieurs études montrent le risque d’effondrement en cas de travaux dans certaines stations. Sans compter celles qui sont classées au patrimoine historique et doivent donc rester intactes. » Autres raisons évoquées : les impossibilités techniques et les moyens mis en œuvre. « Rendre accessible une station de métro nécessite de sept à dix ans de travaux, avec un coût extrêmement élevé », explique-t-il.
… mais 100 % des lignes de bus en 2024
Et du côté du réseau ferré ? 93 % des arrêts de RER et de trains devrait être accessibles l’année prochaine, contre 66 % actuellement. L’objectif ? 268 gares SNCF et RATP accessibles. N’étant pas soumis aux mêmes contraintes que les réseaux souterrains, les tramways et les bus font figure de bons élèves. « Début 2024, 100 % des lignes de bus franciliennes seront accessibles, certifie Lamia El Aaraje, adjointe à la Maire de Paris en charge de l’accessibilité universelle. En 2023, seuls 53 % des arrêts l’étaient. » Au total, 124 millions d’euros ont été investis pour la mise en accessibilité de la Capitale. « Ces aménagements profitent au plus grand nombre, alors que quatre Franciliens sur dix verront, à un moment donné, leur mobilité réduite », souligne Grégoire de Lasteyrie.
Une plateforme d’informations joignable H24
Pour favoriser des « cheminements sans rupture », un travail sur l’accessibilité des zones de dépose-reprise entre les stations et les gares jusqu’aux sites olympiques est également en cours et testé par des personnes handicapées. « Nous travaillons aussi à la formation au handicap du personnel en gare, en station ou à bord des véhicules », ajoute Lamia El Aaraje, indiquant que des annonces sonores supplémentaires sont également prévues, notamment pour faciliter le trajet des voyageurs avec un handicap visuel. Pour des informations plus approfondies, une centrale d’appels nommée « Infomobi » sera disponible 24h/24 7j/7, en complément de l’application Ile-de-France mobilités.
Des navettes pour les spectateurs PMR
Alors que 4 000 personnes en fauteuil roulant sont attendues aux JO et 2 500 aux JP, Ile-de-France Mobilités annonce également la mise en place d’un service de 1 000 taxis adaptés et de navettes ainsi que des lignes spécifiques, « dont certaines avec des bus transformés pour accueillir six personnes en fauteuil roulant et d’autres destinées à des para athlètes ayant d’autres types de handicaps ». Sur réservation, elles permettent aux spectateurs d’accéder directement à l’entrée du site olympique, interdite aux véhicules privés. Par ailleurs, environ un millier de conducteurs seront mobilisés pour le transport des 4 400 para athlètes. Des marches exploratoires, en partenariat avec des associations spécialisées, seront également proposées pour permettre aux spectateurs d’appréhender les sites de compétition en amont des compétitions.
Accélérateur de politiques publiques
L’accessibilité universelle était l’un des trois piliers de la stratégie de Paris 2024 dès la phase de candidature, avec le développement de la pratique sportive pour les personnes handicapées et la valorisation de leur participation sociale au projet. Alors que 300 000 spectateurs en situation de handicap seront présents aux Jeux, Paris 2024 constitue un véritable « accélérateur de nos politiques publiques en matière d’accessibilité », déclare Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris en charge du sport et des Jeux. Le gouvernement dit avoir « entendu l’alerte donnée par les associations ». L’objectif, étant de capitaliser sur cette expérience. Et ce qui a été fait dans l’urgence, le poursuivre et le réinvestir dans la durée ? Le fameux « héritage »…
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr »
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