aider les jeunes aidants parfois à bout

septembre 27, 2023 / Comments (0)

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1 mineur sur 20 est jeune aidant auprès d’un proche malade ou handicapé. Souvent ils agissent dans l’ombre, parfois au prix de leur propre santé. Pour les accompagner, la Pause brindille organise ses 1ères rencontres le 3 octobre 2023 à Lyon.

« Nous existons, nos douleurs existent. Il faut les prendre en compte ». A 24 ans, Emy est une jeune femme bien dans ses baskets. Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas. Lorsque sa petite sœur déclare une tumeur cérébrale, Emy doit endosser un nouveau rôle, celui de jeune aidante. « On ne prend pas le temps et la place pour se plaindre. Il y a déjà quelqu’un à côté qui accapare les pensées de nos parents ». Résultat, un an après le décès de sa sœur, Emy explose et sombre dans une dépression : « Toute ma vie était régie par la colère ». Des troubles psychiques consécutifs au rôle de jeune aidant, Axelle Enderlé, elle-même aidante et aidée à la suite d’un cancer, en relève quotidiennement au sein de son association « La pause brindille », créée à la sortie de la crise sanitaire.

Grandir plus vite

A la base, un constat : « Personne n’a vraiment fait attention à ces jeunes qui accompagnaient un proche durant le confinement et vivaient dans une peur panique de ramener le covid dans un foyer fragile », explique Axelle, qui dirige aujourd’hui cette structure La Pause brindille née avec un objectif : « limiter l’impact de la situation des jeunes aidants sur leur santé et leur vie sociale, afin qu’ils aient la chance d’accéder aux mêmes choix que les autres jeunes ». La plupart font d’ailleurs une croix sur tout ce qui fait le sel du « bel âge » : l’insouciance, les sorties et loisirs entre amis… « On est responsabilisé plus vite que les autres, on a d’autres priorités donc on grandit plus vite », raconte Séverine, 22 ans. La pause Brindille leur offre, à Lyon, une « safe place » pour trouver du soutien entre personnes concernées, de 8 à 25 ans. Au niveau national, une ligne et un chat d’écoute sont ouverts et permettent de déposer son fardeau.

1 jeune sur 20 concerné en France

On estime que 8,8 millions d’adultes et entre 500 000 et 700 000 mineurs âgés de 5 ans ou plus sont proches aidants, soit respectivement une personne sur six et un mineur sur vingt, selon la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES). Sur son site, la Pause brindille rapporte des chiffres édifiants : 60 % des jeunes aidants ont mal au dos et aux bras, 54 % estiment ne pas profiter de leur jeunesse et 38 % déclarent un problème de santé mentale. Courses, ménage, soutien moral, suivi médical (…) composent ainsi leurs journées et pèsent sur leur charge mentale.

Force et fragilité

La plupart des jeunes résistent pourtant, parfois, avant de craquer… C’est d’ailleurs ce que suggère le terme « brindille » : une alliance de force et de fragilité. « J’ai grandi trop vite malgré moi », confie Candice, 20 ans, sœur d’un garçon en situation de polyhandicap. « Ça fait de nombreuses années que je souffre d’anxiété, j’ai mis quatre ans à en parler à mes parents ».  Ces « comorbidités » au sein du cercle familial sont amenées à se multiplier dans les années à venir. En cause ? Le contexte socio-économique et sanitaire. D’après Axelle Enderlé, la prévalence des malades et l’augmentation de l’espérance de vie, couplée à « la désinstitutionalisation et le virage de l’ambulatoire » renforcent la place de l’aidant dans la société. « Certains sont même aidants de plusieurs personnes au sein d’une famille. C’est tout un écosystème et tout le monde s’épuise », affirme Axelle Enderlé, qui regrette ce cumul de difficultés souvent contenues dans l’intimité du foyer.

Les Rencontres de la jeunesse aidante

Lever le voile sur ce sujet méconnu du grand public, c’est aussi l’objectif de l’association qui s’inspire du modèle anglo-saxon. En Angleterre, les « young carers » comme on les appelle, sont reconnus depuis plus de vingt ans. Pour faire sortir ces enfants, ados et jeunes adultes de l’ombre, la Pause brindille organise le 3 octobre 2023 à Lyon (Espace de l’Ouest Lyonnais – Lyon 5, de 14 à 19h30), les premières « Rencontres de la jeunesse aidante ». L’occasion,, trois jours avant la Journée nationale des aidants du 6 octobre, de donner la parole à ceux qui ont vécu et transformé cette expérience de vie en projet artistique (livre, podcast, film, stand-up…). Des experts, sociologues, slameurs, seront de la partie. L’évènement « ouvert à tous » est également à suivre en distanciel (attention de 14 à 17h30 seulement), gratuitement et sur inscription.

Une conférence le 28 septembre 2023

Et, pour aller plus loin, une conférence en ligne « Jeunes aidants, le temps de la prise de conscience » est organisée par la Macif le 28 septembre 2023 de 9h à 10h30 en présence de l’association JADE, du collectif Je t’aide et de l’Unafam (Union nationale de famille et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques). Sur son affiche (en photo ci-dessus), le message suivant, « Tkt, je gère » (T’inquiète, je gère), mais, derrière ces mots, se cache une autre réalité pour les jeunes aidants. Pour participer à distance, inscription en ligne

« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr »

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