bâtir la politique du handicap!

avril 22, 2024 / Comments (0)

sans catégorie

Avis aux associations représentant des personnes handicapées. Le CNCPH recherche des membres pour élaborer la politique du handicap. 39 sièges à pourvoir jusqu’au 15 mai 2024 ! Son président dévoile les coulisses du recrutement…

Handicap.fr : En avril, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) lance un second appel à candidatures à l’attention des associations, pour participer aux travaux de sa mandature 2023-2026. Pourquoi maintenant ?

Jérémie Boroy, président du CNCPH : Il faut, tout d’abord, avoir en tête la réforme du CNCPH à l’occasion du dernier renouvellement, en septembre 2023, visant à simplifier son mode de composition et renforcer la place des représentants des personnes en situation de handicap. Il est désormais structuré autour de trois collèges : des associations représentant les personnes handicapées (78 sièges), des associations représentant les familles (26 sièges) et des parties prenantes, à savoir les syndicats, élus, institutions, organismes, etc. (26 sièges).

Lors du premier appel, à l’été 2023, le comité de sélection a constaté qu’il n’y avait pas autant de candidatures recevables intéressantes que le nombre de places prévues pour le premier collège, qui, historiquement, était vraiment important. Plutôt que d’attribuer la totalité des places à tout-va, à tous les candidats s’étant manifestés, le comité a proposé d’en geler 39 puis de faire un autre appel à candidatures a posteriori, afin de prendre le temps de faire connaître le CNCPH et ses opportunités auprès d’autres associations que celles qui sont engagées de longue date.

H.fr : Quelles opportunités ?
JB : Participer à la co-construction des politiques publiques. Au CNCPH, notre métier, notre raison d’être, notre mission, c’est de permettre aux personnes en situation de handicap, via leurs représentants, de s’exprimer et de prendre le lead dans l’élaboration de ces politiques.

H.fr : Le CNCPH n’a donc pas de difficultés à recruter, comme le soupçonnent certains ?
JB : Ce n’est pas le sentiment que j’ai quand je vois le nombre de candidatures que l’on reçoit, bien au contraire. Mais, il y a, semble-t-il, encore beaucoup d’autocensure et de personnes qui ne se sentent pas « légitimes » à participer à ces débats ou pensent que le CNCPH n’est pas accessible.

H.fr : « Rien pour nous sans nous », c’est le slogan de nombreuses associations de personnes handicapées. C’est l’occasion pour elles de faire valoir leurs revendications, pourquoi ne répondent-elles pas (toutes) présentes ?
JB : En France, il suffit d’être deux pour faire une association, il y en a donc plein de petites que l’on ne connaît pas, et inversement. Nous souhaitons notamment travailler davantage avec celles qui représentent les habitants des milieux ruraux ou des quartiers de politique de la ville. Il est fondamental que nos membres reflètent la diversité de la population française.

Par ailleurs, on observe de plus en plus un désengagement des personnes dans le secteur associatif. La tendance est assez nette : on s’engage davantage pour soi, pour régler sa situation, celle de ses enfants… Ce qui mène à la création de collectifs locaux qui n’ont pas le statut associatif. Les comportements changent, à nous d’en tenir compte.

H.fr : Certains regrettent que les personnes « qualifiées », et notamment celles en situation de handicap, soient exclues des débats depuis cette réforme. Face au manque de candidats associatifs « intéressants », avez-vous envisagé de les réintégrer ?
JB : Non. Il me semble normal qu’il revienne aux organisations constituées de représenter un collectif de personnes et des pans entiers de la population française. En quoi un individu, sous prétexte qu’il a une qualification du fait de son handicap, serait plus légitime qu’une association composée, par essence, de plusieurs individus ? Je ne comprends pas que l’on s’obstine avec ça.

H.fr : Pourtant elles étaient présentes dans l’ancien CNCPH…
JB : Parce qu’on a laissé supposer que les associations ne représentaient pas les personnes handicapées. A tort. Je me bats contre cette idée. Ce qui n’enlève en rien à la qualité de leurs interventions, les contributions réelles et l’expertise de ces personnes. Mais, bon sang, nous sommes au CNPCH, et non dans un conseil local en devenir, donc, j’insiste, c’est normal de s’appuyer sur les organisations constituées !

H.fr : La participation au CNCPH n’est-elle pas trop chronophage pour des petites associations qui peinent déjà à trouver du temps pour déployer leurs actions ?
JB : Effectivement, cela peut être contraignant et nous le prenons en compte. Nous avons notamment proposé de faire des réunions de commission en fin de journée ou le samedi. Pour la première fois, une partie des Universités d’été du CNPCH se dérouleront le week-end afin de diversifier les modes de participation. Autre nouveauté : le renfort de nos équipes via la mobilisation d’ETP (équivalents temps plein) et d’autres collaborateurs qui vont appuyer la rédaction des avis et des rapports du CNCPH. C’est aussi pour permettre à nos membres de ne pas être noyés dans ce type de travaux de rédaction, de recherches, et de rester concentrés sur leur mission d’intervention dans le débat public.

H.fr : Combien de temps, en moyenne, cette participation nécessite-t-elle chaque mois ?
JB : Chaque association membre de l’assemblée plénière désigne un titulaire et un suppléant (une femme et un homme). Celle-ci se réunit une journée par mois ; on peut y assister en présentiel ou en visio. Participer à une plénière suppose de la préparer (lire des documents, prendre connaissance des projets d’avis en cours, préparer des questions…). Les associations (pas nécessairement les mêmes personnes que celles présentes lors de la plénière) doivent également être membres d’au moins l’une des six commissions (accessibilité, éducation, emploi…) ou d’une délégation (culture, jeunesse, femmes-hommes…), qui se réunit une fois par mois durant environ deux heures. Enfin, il y a aussi une commission permanente, composée de 24 membres, ainsi que plusieurs évènements annuels, comme les Universités d’été. Au total, cela représente, au minimum, l’équivalent d’une journée et demi de travail par mois (en comptant la préparation).

H.fr : Les membres du CNCPH sont-ils indemnisés ?
JB : Oui, les frais de transports et de repas sont pris en charge pour ceux qui assistent à la plénière en présentiel. Il est hors de question que la participation au CNCPH coûte de l’argent, le don de temps est déjà énorme.

H.fr : Outre les transports, existe-t-il d’autres indemnisations ?
JB : Pour la première fois, le président et les trois vice-présidents perçoivent des indemnités. C’est une très belle avancée et une considération supplémentaire du CNCPH. Par ailleurs, la mandature précédente avait plaidé pour que chaque membre de la plénière obtiennent une indemnité pour ses jours de présence afin que cela compense notamment le jour de congé pris par certains. Cela n’a pas été retenu mais je ne laisse pas tomber cette proposition ! L’idée est de s’aligner par exemple sur les rétributions des conventions citoyennes au Conseil économique, social et environnemental (Cese) ou des jurés d’assise.

H.fr : Pour finir, une nouveauté au CNCPH ?
JB : Nous souhaitons développer la représentation des enfants et des jeunes. Deux nouvelles délégations sont en cours, dédiées aux 16-30 ans. Les associations membres proposent à des enfants de leur réseau de participer aux travaux du CNCPH pour nous éclairer sur leurs besoins et faire entendre leur voix… mais aussi assurer la relève du conseil.

Avis aux associations intéressées, vous avez jusqu’au 15 mai 2024 pour déposer votre candidature en ligne.

« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr »


Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *