Alors que s’ouvre le 77e festival de Cannes, 2 collectifs publient une tribune pour renforcer l’accessibilité du 7e art. Ils réclament davantage d’œuvres sous-titrées et audiodécrites, de salles de cinéma adaptées et des festivals accessibles.
Des cinémas adaptés aux personnes déficientes sensorielles, une fiction ? « Refuser l’accessibilité à ces populations constitue une injustice flagrante (…), perpétuant une forme insidieuse d’exclusion sociale qui doit être corrigée de toute urgence », martèlent la CFPSAA* et Unanimes, qui rassemblent respectivement les associations du handicap visuel et auditif. Alors que s’ouvre le 77e festival de Cannes, ils lancent une pétition sur Change.org réclamant « l’accessibilité universelle » de la Croisette, du Festival de Deauville, de la Cérémonie des César et autres « grands évènements » du secteur.
Quelles solutions techniques ?
Pour ce faire, les deux collectifs recommandent notamment l’utilisation d’un service de transcription écrite instantanée, qui convertit la parole en texte en temps réel, permettant aux personnes sourdes et malentendantes de suivre les discours et les échanges. D’autant que cette option contribuerait à « renforcer l’impact » de ces évènements et « leur importance dans le paysage cinématographique mondial ». Autres solutions techniques : le sous-titrage, la Langue des signes française (LSF), la boucle magnétique, le renforcement sonore, l’audiodescription… Des options, selon eux, « réalisables », « rentables » et « essentielles ».
Des récompenses pour l’accessibilité des films
A quand le prix du « meilleur sous-titrage » ? Les deux collectifs encouragent la création de catégories spécifiques dans les festivals pour souligner les efforts fournis en matière d’accessibilité lors du tournage d’un film. « Il existe d’ailleurs le prix Marius, qui récompense la meilleure audiodescription parmi les sept films nommés par l’académie des César dans la catégorie ‘Meilleur film’ », soulignent-ils. Ces récompenses permettraient également, selon eux, de sensibiliser davantage le grand public à l’importance d’un septième art accessible à tous.
Une obligation légale
Les associations militent également pour l’accessibilité physique et technique des cinémas et des salles de projection. L’article 30 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CIDPH) garantit « le droit fondamental de participer pleinement à la vie culturelle et sociale ». Or, dix-neuf ans après la loi de 2005, le constat est sans appel : « Un faible taux d’établissements organisent des séances accessibles chaque semaine pour les personnes en situation de handicap sensoriel malgré des salles plutôt bien équipées », indique l’observatoire du Centre national du cinéma (CNC) dans son rapport de mars 2024.
Réformer le statut des artistes handicapés
En parallèle, Julien Richard-Thomson, scénariste et président du Syndicat des professionnels du cinéma en situation de handicap (SPCH) lance une campagne appelant à réformer le statut des intermittents du spectacle pour l’adapter aux artistes en situation de handicap, « insuffisamment représentés dans cette branche ». Ce sujet sera au cœur d’une table-ronde organisée à Cannes le 24 mai à 10h sur la plage du Gray d’Albion, dans le cadre de la semaine du cinéma positif. « Le handicap ne peut être le grand oublié des politiques visant à assurer la diversité du secteur culturel », plaide le cinéaste. Action !
* Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes
© Cassandre Rogeret
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr »
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