aux petits soins avec les enfants handicapés

août 2, 2024 / Comments (0)

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L’Homme de Néandertal, plus altruiste qu’on ne pouvait le penser ? Un fragment d’os de l’oreille interne d’un enfant de 6 ans, malentendant et avec une trisomie 21, a permis de mettre en lumière l’attention et le soin apporté aux jeunes handicapés.

Comment étaient traités les enfants handicapés à la Préhistoire ? Des chercheurs espagnols se sont penchés sur cette question qui fait débat. La réponse se trouvait dans un fragment d’os de l’oreille interne d’un jeune néandertalien mort à l’âge de 6 ans environ, découvert par des archéologues en 1989 dans la grotte de Cova Negra, en Espagne. Les résultats de cette étude « inouïe » ont été publiés le 26 juin 2024 dans la revue scientifique Science advances.

Une déficience auditive associée à la trisomie 21

L’os fossilisé, baptisé « CN-46700 », présente les signes d’une pathologie grave de l’oreille interne – notamment une dilatation pathologique d’un canal semi-circulaire –, qui aurait provoqué, a minima, des pertes auditives sévères, des troubles de l’équilibre et des vertiges fréquents, « très probablement associée » à la trisomie 21. « Toutes les preuves disponibles suggèrent que l’individu était probablement atteint du syndrome de Down, qui est la maladie génétique humaine la plus courante, également présente chez les grands singes », précisent les chercheurs. Ils estiment que « les soins indispensables à la survie de l’enfant sur une période de plusieurs années ont probablement dépassé les capacités de la mère, nécessitant ainsi l’aide d’autres membres du groupe social ».

Acte égoïste ou pure compassion ?

L’assistance aux personnes handicapées chez les Néandertaliens est connue depuis longtemps et les raisons de ce comportement ne font pas consensus. Certains auteurs pensent que les soins se déroulaient dans un contexte « d’égoïsme réciproque » entre individus capables de rendre la pareille. D’autres soutiennent qu’ils étaient réalisés par pure compassion. Dans ce contexte, l’étude des enfants atteints de pathologies sévères est donc particulièrement intéressante car ils ont une possibilité très limitée de « rendre la pareille ».

Une espérance de vie inhabituelle…

« Il est remarquable que l’individu représenté par le fossile CN-46700 ait vécu au moins jusqu’à l’âge de 6 ans, dépassant de loin l’espérance de vie habituelle des enfants porteurs de trisomie 21 dans la population préhistorique », ont conclu les scientifiques après une étude détaillée des caractéristiques de ce fragment osseux. Selon eux, sa « longue survie » est due à une « attention continue » de ses semblables, qui seraient donc bien plus altruistes et empathiques qu’on ne pourrait le penser.

… grâce aux soins apportés

« L’espérance de vie des enfants porteurs de trisomie 21 peut être augmentée s’ils reçoivent les soins et l’attention nécessaires », insiste l’étude. En 1929, elle n’était que de 9 ans, avant de passer à 12 ans dans les années 1940 tandis qu’elle dépasse aujourd’hui 60 ans dans les pays développés, pointe-t-elle. « Cette augmentation est sans doute due, en grande partie, aux progrès de la médecine mais aussi aux changements sociaux qui ont conduit les sociétés avancées à accroître la protection sociale des enfants concernés et de leurs familles », supputent ses auteurs.

Capacités d’adaptation similaires à l’Homo sapiens

Enfin, « les preuves fournies par CN-46700 sont entièrement compatibles avec l’idée défendue précédemment par d’autres auteurs selon laquelle les soins et la parentalité collaborative se produisaient ensemble chez les Néandertaliens », concluent les chercheurs. Ces données mettent en lumière le « comportement pro-social complexe » de l’Homme de Néandertal et sa capacité d’adaptation « très similaire à celle de notre espèce ».

© Stocklib / Zhanna Tretiakova

« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr »

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