Nouveau record du monde pour le para cyclisme ! En octobre 2024, l’athlète tétraplégique Kazuhiko Kanno a parcouru la plus longue distance en 1h en vélo à main, soit plus de 28 km. De passage à Paris, le Japonais revient sur son parcours hors normes.
28,331 kilomètres en une heure ! Le para athlète Kazuhiko Kanno, tétraplégique, établit le record du monde de vélo à main (catégorie hommes) et entre dans le légendaire « Guiness world records ». Le 3 octobre 2024, le Japonais s’élance sur l’anneau cyclable de Longchamp, dans le 16e arrondissement de Paris. Au programme : un parcours de 3,541 km dans le Bois de Boulogne, qu’il doit effectuer un maximum de fois. Il fera finalement huit tours. Portrait d’un athlète à l’humilité qui n’a d’égal que sa passion pour le sport…
Handicap.fr : Quelle est votre histoire ?
Kazuhiko Kanno : A l’âge de 22 ans, je me blesse à une vertèbre cervicale lors d’une session de surf. Passionné de baseball, je dois alors explorer de nouvelles possibilités sportives. En 2006, je me lance dans le rugby fauteuil et intègre, un an plus tard, l’équipe nationale japonaise, avec laquelle je remporte notamment la médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Rio 2016 et l’or aux Championnats du monde en 2018. En 2020, je décide d’y mettre un terme et de me lancer dans le para cyclisme. Par ailleurs, je travaille chez Dassault Systèmes au Japon, que j’ai intégré en 2017, dans le cadre d’un programme visant à faciliter les transitions de carrière des athlètes d’élite.
H.fr Pourquoi avoir choisi cette discipline ?
KK : Je voulais m’essayer à un sport individuel et concourir en extérieur. Contrairement aux sports en salle, ce cyclisme permet de découvrir des environnements et des parcours variés. Et puis, il n’y jamais eu de compétiteur japonais en vélo à main aux Jeux paralympiques, j’ai donc pour objectif d’être le premier.
H.fr : Que voulez-vous prouver en faisant ce défi ?
KK : D’abord, je souhaite montrer que tant qu’il y a de la passion et que les gens travaillent ensemble, les choses, même les plus difficiles, peuvent être réalisées. Je suis convaincu que chacun peut atteindre ses objectifs, quelles que soient ses capacités ou limitations physiques. Le mien ? Contribuer, par tous les moyens possibles, à créer une société inclusive où chacun peut circuler librement.
Je veux également convaincre qu’avec des solutions innovantes et adaptatives pour la mobilité, toute personne handicapée peut relever des défis et profiter de la vie. J’espère d’ailleurs que ce défi mettra en valeur les efforts de Dassault Systèmes pour soutenir une telle mobilité.
H.fr : Que vous a-t-il apporté in fine ?
KK : J’ai réalisé une fois de plus que mes accomplissements ne sont pas uniquement les miens mais ceux de toutes les personnes qui étaient derrière moi. Ma tentative de record du monde n’aurait pas été possible sans leur encouragement sans faille et leur aide. La « Mobility night ride » (ndlr : balade nocturne, organisée par Dassault Systèmes, ayant rassemblé plusieurs milliers de personnes pour célébrer ce record ainsi que « les capacités extraordinaires du corps humain ») était une soirée collective, d’équipe sous toutes ses coutures. Je suis très reconnaissant envers toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette aventure.
H.fr : Comment s’est déroulée la préparation ?
KK : J’ai passé près de deux ans à me préparer en étroite collaboration avec des collègues en France et au Japon. Cette expérience m’a permis de réaliser à quel point Dassault Systèmes est une entreprise composée d’un large éventail de talents.
H.fr : Avez-vous traversé des périodes de doute lors des entraînements ? Qu’est-ce qui vous a aidé à les dépasser et à avancer ?
KK : Ma famille, mes collègues et mes amis m’ont été d’un grand soutien et m’ont continuellement encouragé, ce qui m’a permis de rester concentré sur l’entraînement au quotidien.
H.fr : Etait-ce difficile à cumuler avec votre emploi ?
KK : J’aime vraiment mon travail et mon sport, je n’ai donc pas ressenti de difficultés majeures. Il m’a suffi de faire quelques ajustements pour trouver un parfait équilibre.
H.fr : Quels bienfaits vous procure le sport ?
KK : J’ai fait du sport toute ma vie. Même avec un handicap, je crois que se consacrer au sport ouvre de nouvelles opportunités.
H.fr : Quelles valeurs défendez-vous ?
KK : Je ne me concentre pas sur la question de savoir si quelque chose peut être fait, mais plutôt sur la manière dont cela peut l’être. Je souhaite incarner cette volonté de ne pas abandonner mais plutôt d’avancer en trouvant des moyens d’atteindre mes objectifs.
H.fr : La société évolue-t-elle dans le sens de l’inclusion, selon vous ?
KK : Lorsque j’ai commencé la compétition en 2006, l’environnement pour les para sports était loin d’être favorable. Même si la situation n’est pas encore parfaite aujourd’hui, on a pu constater une prise de conscience au fil des années. Pour les utilisateurs de fauteuil roulant comme moi, le transfert vers un sport prend du temps et nécessite des ajustements répétés pour trouver la configuration idéale. La technologie de jumeau virtuel de Dassault Systèmes (ndlr : un modèle virtuel d’un objet physique) offre la possibilité de déterminer les paramètres optimaux dans un espace virtuel, réduisant ainsi le temps et les efforts tout en maximisant les performances. Cette technologie pourrait avoir un impact considérable sur la mobilité et l’activité, au bénéfice non seulement des personnes handicapées mais aussi des utilisateurs d’équipements sportifs et des personnes âgées en cours de rééducation.
© Dassault Systèmes
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr »
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