Quel est le nombre de Français en situation de handicap ? Une question plus épineuse qu’il n’y paraît, à laquelle la DREES tente de répondre dans sa dernière étude, publiée en novembre 2024. Tout dépend de la définition du handicap…
« Selon que l’on retienne l’approche la plus ou la moins restrictive du handicap, entre 4,6 et 16 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus sont en situation de handicap », révèle la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques DREES. Dans sa nouvelle étude, publiée le 14 novembre 2024, le service statistique des ministères sociaux livre des chiffres sur le nombre de Français concernés et un éclairage sur la définition du handicap.
La moitié des sondés en situation de handicap ?
Et il s’agit d’un véritable portrait du handicap que nous livre la DREES, après avoir interrogé 22 000 personnes de plus de 15 ans. Pour rappel, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le définit comme « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société, subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive, d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».
Trois approches du handicap
Dans ce rapport, la DREES établit le constat suivant : près de la moitié des personnes interrogées déclarent souffrir de l’altération d’une ou plusieurs de ces fonctions organiques – autrement dit des déficiences physiques ou mentales. Parmi les fonctions les plus fréquemment mentionnées, on retrouve la motricité (21 %), la gestion de l’humeur, des émotions et des sentiments (17 %), et des dysfonctionnements métaboliques (16 %).
Partant de ce postulat, la Direction s’est intéressée à trois approches du handicap, trois types de retentissements de ces altérations dans le quotidien : les limitations fonctionnelles (donc la perte d’une aptitude pour les tâches de la vie quotidienne), les restrictions des activités quotidiennes et celles (depuis plus de six mois) des activités habituelles d’autres personnes (définition de l’Indicateur de limitation global d’activité ou GALI).
Ne pas confondre « altération », « limitations » et « handicap » !
« Car l’altération importante d’une fonction n’entraîne pas forcément une situation de handicap », indique la DREES. En effet, 60 % des personnes concernées par une altération déclarent des impacts sur leur fonctionnement au quotidien (surtout concernant la motricité et l’attention, la concentration et la mémoire) ; 10 % seulement sont restreintes dans leurs activités quotidiennes (majoritairement dans leurs tâches domestiques, puis dans l’entretien personnel et la mobilité) et 9 % dans les activités que font les autres habituellement.
Lorsque l’on combine les différentes approches, on constate que, pour plus de la moitié de ces personnes, vivre des limitations fonctionnelles n’impacte pas les activités. Mais l’inverse n’est pas vrai : quasiment toutes les personnes dont les activités sont restreintes le sont également dans leur fonctionnement quotidien.
Des perceptions variables selon l’angle
Alors que faut-il en conclure ? Que vivre une altération d’une ou plusieurs capacités n’induit toujours pas de situation de handicap, surtout quand l’environnement est adapté, d’une part. Et, de l’autre, que le nombre de personnes concernées varie énormément selon l’angle par lequel on envisage le handicap. D’ailleurs, ce phénomène s’illustre dans les perceptions individuelles : 31 % des personnes dont une ou plusieurs déficiences impactent le fonctionnement s’estiment en situation de handicap, 54 % pour celles dont les activités quotidiennes sont restreintes, et 61 % pour celles qui se trouvent limitées dans les activités habituellement exercées par d’autres. Ces nuances expliquent également la difficulté à parvenir à des consensus internationaux sur le handicap.
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