L’usure professionnelle, un mal dont on parle de plus en plus et dont les conséquences sur la santé obligent parfois à changer de vie. Quelles perspectives de carrière pour ces « victimes » du monde professionnel ? Voici quelques pistes…
Mauvaises postures, stress permanent, inhalation régulière de poussières… Autant de situations professionnelles qui, au long court, peuvent engendrer de sérieux problèmes de santé. « Et même des handicaps », alerte Anaïs Deleuil, responsable des partenariats et du développement au sein de l’association Transitions pro Île-de-France. En effet, dans la fonction publique, en 2022, près de la moitié des infirmités avaient pour origine des maladies professionnelles.
En novembre 2024, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) s’interrogeait sur les bonnes pratiques pour sécuriser les carrières des personnes en situation de handicap. Alors quelles options pour celles dont l’état de santé se dégrade, souvent insidieusement, à cause de leur travail ?
Une origine multifactorielle
L’usure professionnelle « est un processus impactant la santé physique, psychique ou sociale d’un salarié », définit Anaïs Deleuil. Elle est due à plusieurs facteurs : les conditions physiques d’exercice du métier (intempéries, port de charges lourdes, exposition à des agents chimiques) ; l’organisation du travail (charge de travail, objectifs imprécis) ; le parcours professionnel (inadéquation des missions avec les compétences, absence de reconnaissance professionnelle).
Des risques de désinsertion professionnelle
Si les signaux ne sont pas détectés à temps, les conséquences peuvent être lourdes, au regard de l’état de santé mais aussi de la qualité de vie, plus globalement. Elles sont souvent variables, selon la personne et le contexte. Par exemple, la désinsertion professionnelle, un mal dont on ne parle pas assez, selon la représentante de Transitions pro : « Certaines personnes cessent progressivement de venir au travail. Elles se mettent en arrêt maladie, de plus en plus souvent, sans donner les raisons réelles de ces absences ». Difficile alors de réagir de manière adaptée.
Parallèlement, certaines personnes voient leurs capacités de travail diminuer, sont de plus en plus isolées ou stigmatisées. Sans parler des burn-out ou des dépressions… Autant de freins importants au maintien dans l’emploi.
Un mal qui touche toutes les catégories professionnelles
Ces cas de figure ne sont pas isolés. De plus en plus de personnes témoignent sur leurs maladies professionnelles : « Des aides à domicile qui développent des troubles musculosquelettiques en portant les personnes qu’ils accompagnent, des commerciaux qui souffrent de douleurs chroniques à force d’être debout, des ouvriers qui déclarent des maladies à cause de la poussière sur les chantiers… ». Des problématiques qui touchent toutes catégories de professionnels, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes. L’allongement des carrières, d’ailleurs, favorise l’augmentation du nombre de malades du travail.
Changer de métier ou de secteur
Alors, que faire ? La prévention des risques professionnels est devenue le cheval de bataille du gouvernement et des acteurs de l’emploi et de la formation. Ainsi, soutenue par des organisations comme Cap emploi ou l’Agefiph (fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans le privé), l’association Transitions pro propose des dispositifs pour financer des bilans de compétences ou des formations professionnelles en vue d’un changement de carrière. Pour les victimes d’usure professionnelle, plusieurs scénarios reviennent : « Certains doivent se reconvertir totalement, changer de métier et de secteur. D’autres se forment à un nouveau métier mais restent dans leur entreprise. D’autres encore ont la possibilité d’exercer leur métier dans une autre structure, dont les conditions de travail sont adaptées à leurs besoins ».
Le rôle de l’employeur
Par ailleurs, Anaïs Deleuil évoque la responsabilité des entreprises : « L’usure professionnelle engendre du turn-over. L’employeur doit faire le nécessaire pour sécuriser la carrière de ses salariés, pour eux mais aussi pour sa propre entreprise ». Comment ? En sensibilisant ses collaborateurs, d’une part, car difficile de mobiliser ses droits sans les connaître. D’autre part, en menant des diagnostics pour appréhender les risques professionnels dans la structure, ce qui permet ensuite d’aménager les postes de travail ou de mettre en place des solutions de reconversion, si nécessaire.
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